Peu de droit d'auteur ne tue pas le droit d'auteur
Par Benjamin Drieu le jeudi 20 avril 2006, 10:00 - April - Lien permanent
Une réflexion m'est venue dernièrement en cherchant un exemple de société commerciale basant son activité sur une application permissive de son droit d'auteur, en dehors de l'informatique libre ou même de l'informatique où ces choses sont monnaies courantes.
Je pratique assez régulièrement les jeux de stratégie (les vrais, où on pousse des bouts de carton sur un plateau) et parmi ceux-ci, ASL, vénérable ancêtre du jeu de stratégie et développé sous licence Hasbro par la société MMP. Pour la petite histoire, ce jeu a été créé pour sa première version en 1977, a connu son essort dans les années 80 puis comme la plupart des jeux de stratégie sur plateau a souffert de la montée des jeux vidéos jusqu'à devenir assez confidentiel. Il faut dire que pour jouer, il faut acheter un classeur de règles, lire au minimum plusieurs dizaines de pages écrites petit et débourser disons 200 bons euros pour acheter quatre ou cinq extensions nécessaires. Inutile de dire que c'est assez dissuasif.
Puis vient VASL, un logiciel libre permettant de jouer à ASL par internet en déplaçant des pions sur une carte virtuelle. Ce qui est très intéressant est que VASL contient tout ce qu'il faut pour jouer à ASL sans rien acheter d'autre que le classeur des règles (et encore) : les cartes, les pions et les scénarios originaux numérisés.
Là où beaucoup de sociétés commerciales auraient attaqué le créateur de ce logiciel, ni MMP ni Hasbro ne le font pour leur plus grand bien car la popularité de VASL a permis à de nombreux joueurs de découvrir le jeu, de trouver des partenaires et ensuite d'en acheter la version physique. Aujourd'hui, ASL est un jeu dont le succès va grandissant et il a fort à parier qu'en s'arrogeant une plus grande part du gâteau, MMP se serait retrouvé avec une part moisie de la taille d'une miette.
Qu'on ne se trompe pas, ni MMP ni Hasbro ne renoncent à leur droit d'auteur. Pourtant, en renonçant à l'appliquer de manière stricte, ils ont développé une communauté d'utilisateurs passionnés et certainement sauvegardé leur activité. Leurs utilisateurs n'achètent t'ils plus leurs créations parce qu'elles sont gratuitement téléchargeables ? Non, au contraire !
Bref, c'est un bon exemple que certaines industries devraient suivre (suivez mon regard) et à mon sens une preuve que l'application extrémiste forcenée du droit d'auteur telle qu'on la voit un peu partout actuellement est loin d'être une réponse universelle.
Si d'autres personnes ont de bons exemples de sociétés hors de l'informatique ayant réussi à développer leur activité en appliquant de manière très permissive leur droit d'auteur (pas forcément en accord avec la stricte définition du libre), je suis preneur.